Frigorifique

Frigorifique

Histoire

Histoire

Lors de la naissance de Frigorifique, la Grande Guerre était déjà terminée. Durant sa plus jeune enfance, le dragonnet n’avait connu que paix et amour de ses parents. Il vivait dans le même foyer qu’eux, et avait un frère, nommé Engelure. Il adorait jouer avec lui, et c’était réciproque ; les deux jeunes grandirent ensembles, s’adorant tout autant au fil des années. Alors qu’ils étaient plutôt sages lors de leurs premières années, arriva au moment de leur sept ans, le temps des bêtises. Frigorifique et Engelure trouvaient le monde bien vaste, et tout ce qu’ils avaient connus étaient les territoires des Ailes de Glace. Les deux frères avaient entendu parler de la jungle étrange et mystérieuse des Ailes de Pluie, du grand désert brûlant des Ailes de Sable, des montagnes spectaculaires des Ailes de Ciel, des marécages inquiétants des Ailes de Boue, des étendues d’eau infinies des Ailes de Mer, et des territoires presque inconnus des Ailes de Nuit. Pour eux, au début du moins, ce n’était que des histoires pour bercer les tous petits, les faire rêver lors de leurs nuits. À présent que les deux garçons avaient grandi, ils se sentaient prêts à explorer le monde.

Ce n’était, bien évidemment, pas au goût de leurs parents, qui les jugeaient encore trop jeune pour quitter le foyer et partir à l’aventure. Même si la paix régnait, Pyrrhia restait une île remplie de danger. On ne savait jamais, peut-être que quelques dragons encore mal intentionnés rôdaient ici et là et s’attaquaient à tout ce qui bougeait. Et il ne fallait pas oublier les charognards, non plus ; bien que leur apparence laissait présager qu’ils étaient tout à fait inoffensifs et faibles, il ne fallait pas les sous-estimer, car ils n’hésitaient pas à tuer un dragon. Pour finir leur argumentation contre ce voyage, les parents ajoutèrent qu’il était très difficile pour des Ailes de Glace de s’adapter à un environnement plus chaud, et que leur vie était déjà assez passionnante sur les territoires glacés. Frigorifique et Engelure, déçus, n’étaient pas de cet avis, et restaient concentrés sur une seule et même idée : l’aventure !

L’aventure les attendait. Elle n’eut d’ailleurs pas longtemps pour patienter ; quelques jours après la discussion avec leurs parents, les deux frères s’éclipsèrent, volant à vive allure pour échapper à la pression parentale. Rapidement, ils arrivèrent à la frontière des terres gelées, le soleil se levant à peine indiquait qu’un désert s’étendait à l’horizon. La chaleur était déjà palpable, mais les deux dragonnets n’en tenaient pas rigueur ; ils étaient libres d’aller où ils voulaient, enfin !

En se reposant sur le sable, le temps d’un instant, ils entendirent une voix les interpeler ; une jeune Aile de Glace les avait suivis. Elle devait être à peine plus âgée qu’eux, et Frigorifique la reconnut aussitôt ; elle était la fille des amis de ses parents, Opaline. Ni lui, ni Engelure n’avait fait attention à elle, voyez-vous, c’était une fille. Ils pensaient bien entendu qu’elle n’aimerait jamais jouer avec eux, puisque les deux frères jouaient souvent à se battre. Opaline leur avoua alors ce qui l’avait poussée à les suivre : l’aventure. Encore elle, décidément ! Oui, en réalité, les parents de Frigorifique et Engelure avaient parlé de leur tentative d’escapade à leurs amis, et la jeune dragonette les avait écoutés. Depuis, elle avait surveillé les deux frères jour et nuit, attendant le moment où ils allaient partir pour les rejoindre.

Frigorifique et Engelure avaient laissés Opaline les suivre ; ils jugeaient tout de même qu’elle aurait du mal à continuer. Leur jugement fut trop hâtif, car en réalité, l’Aile de Glace leur fut d’une grande aide, pendant toute la durée de leur voyage. Ils n’avaient que fait quelques pas dans le désert des Ailes de Sable que déjà, ils voulaient abandonner, la chaleur devenant de moins en moins supportable. À ce moment-là, Opaline les avaient persuadés de ne pas abandonner ; cette étape était certainement la plus difficile à surmonter, et s’ils y arrivaient, la suite pourrait se montrer plus facilement. Les mots et les encouragements de la dragonne les avaient motivés à nouveau, et à force de persévérance, mais surtout de chance, les trois dragonnets parvinrent à traverser le désert, pour finir par se retrouver dans la forêt des Ailes de Pluie, par je ne sais quel miracle.



La jungle des Ailes de Pluie était un endroit des plus paisibles. Frigorifique, Engelure et Opaline y rencontrèrent les représentant de cette espèce, qui les accueillirent les ailes ouvertes, ne les considérant pas comme des ennemis et ne s’en méfiant même pas. Pour sûr que les Ailes de Glace en restaient intrigués, mais ils ne voulaient pas profiter de leur hospitalité plus longtemps que prévu. La jungle n’était qu’une étape dans leur voyage, et ce fut le parfait lieu sûr pour se reposer de leur précédente épreuve, la traversée du désert. Leur halte fut donc courte, mais reposante, et repartirent, presque à contre cœur, ce cet endroit de paix, pour cette fois-ci se diriger vers le Royaume de Mer.

Mais, à peine étaient-ils tous les trois arrivés qu’un drame se déroulait devant leurs yeux ; deux jeunes Ailes de Mer se faisaient attaquer par des charognards, et visiblement ces derniers avaient l’avantage. Alors que Frigorifique et Engelure, pendant un instant, se regardèrent, hésitant, Opaline fonça, leur criant qu’ils ne devaient pas hésiter à aller sauver un de leurs semblables. Finalement, les deux frères la suivirent également, s’attaquant directement aux étranges animaux bipèdes et sans poil qui s’en prenaient aux jeunes qui ne se défendaient même pas. Opaline gela certains ennemis avec son souffle, tandis que les deux frères attaquaient de façon coordonnée pour mettre fin à l’existence d’autres. Les rares survivants fuirent sans demander leur reste, et le combat finit aussi vite qu’il avait commencé.

La menace passée, les deux dragonnets de Mer se présentèrent ; le mâle s’appelait Écume, la femelle Vaguelettes. Écume avait décidé d’être un dragon pacifique, et ne souhaitait pas se battre même si sa vie en dépendait. Il avait horreur du combat et du sang, et pensait que personne ne méritait de mourir, même la pire des crapules, car tous possédait une raison et un cœur. Par la même occasion, il n’approuvait pas tellement la mort des charognards, juste devant ses yeux… Quand à Vaguelettes, elle était la sœur d’Écume, et était muette ; À chaque parole de son frère, elle hochait la tête, et faisait des signes avec ses pattes, ses ailes ou faisait clignoter les symboles sur son corps, signe que même sans posséder la parole, elle pouvait toujours communiquer…

Soudain, sans crier gare, la terre s’effondra sous les dragons. Opaline, Frigorifique, Engelure et Écume firent un bond de côté, mais Vaguelettes réagit trop tard ; le vide la happa, et commença à tomber. Elle n’eut malheureusement pas le réflexe d’ouvrir ses ailes pour s’envoler et tomba droit en direction du sol, plus bas. La mer ne commençait pas encore à cet endroit-là. Cependant, un miracle survint, alors que la dragonette s’approchait dangereusement du point de chute ; elle ralentit de plus en plus, jusqu’à s’arrêter, puis remonta, comme portée par une force invisible, puis fut déposée sur la terre ferme, hors de danger. Alors que les autres dragonnets se demandaient ce qui avait bien pu se passer, Frigorifique croisa le regard éberlué de la jeunette, qui fixait un point derrière lui. En se retournant, l’Aile de Glace tomba nez-à-nez avec son frère, qui paraissait essoufflé.

Visiblement, il était un dragon Animus, et venait de le découvrir.



Les dragonnets – Frigorifique, Engelure, Opaline, accompagnés également d’Écume et Vaguelettes, qui avaient décidé de les accompagner également – continuèrent leur chemin, cette fois-ci en direction du Royaume du Ciel. Tout le long du chemin, personne n’avait fait de commentaires. Quoique ; les motifs sur les écailles des deux Ailes de Mer brillaient de temps en temps, signe qu’ils échangeaient quelques paroles silencieuses. À ce moment-là, Frigorifique aurait tout donné pour comprendre ce langage, et ainsi savoir ce que le frère et la sœur se disait. Enfin, peu importe, ça ne devait sans doute pas être si important que cela, à moins qu’ils ne leur cachaient quelque chose ? Opaline, quant à elle, regardait, compatissante, Engelure, qui paraissait être choqué de découvrir sa condition d’Animus. Son frère se contenta de continuer de voler, droit devant lui, le visage dénué d’expression.

Ils arrivèrent bientôt à la frontière du Royaume du Ciel, où ils firent une courte halte, silencieuse comme leur vol. Puis, ils s’aventurèrent prudemment sur les territoires ennemis. Enfin, non, la paix était revenue depuis un moment, et les Clans n’étaient plus ennemis, même s’il demeurait encore certaines animosités entre les espèces. Des gardes Ailes de Ciel patrouillant les repérèrent bien vite et vint à leur rencontre. Les présentations de faites, Frigorifique expliqua aux gardes qu’ils étaient en voyage, et cherchaient à visiter tous les Royaumes avant de rentrer chez eux. Certes méfiants, les dragons rouges accompagnèrent le petit groupe des dragonnets au cœur de la capitale. Bien que la nuit soit tombée depuis un moment, quelques dragons du Ciel flânaient encore dans les rues, intrigués par la présence de trois dragonnets de Glace et deux de Mer. Certains de faisaient que leur lancer des regards curieux, d’autres étaient effrayés, et encore d’autres montraient les crocs sur leur passage. Ils n’étaient globalement pas les bienvenus, ici.

Les gardes les emmenèrent au cœur d’une rue contenant principalement des habitations ; l’une était vide, et ils désignèrent cet endroit comme lieu de repos pour les intrus, leur indiquant par la même occasion de se tenir à carreau. Les dragonnets les remercièrent, puis ils s’endormirent pour une nuit paisible.

Paisible ne fut pas le mot pour leur réveil. Plusieurs dragons du Ciel s’étaient rassemblés devant l’endroit où ils se reposaient, et semblaient pour la plupart paniqués. Une jeune dragonne aux écailles rougeoyantes s’avança en les voyant émerger de leur sommeil.

« S’il vous plait ! »

Le ton suppliant de la dragonne finit de réveiller les dragonnets.

« Nous avons besoin de votre aide… Je vous en supplie, aidez-nous ! »

Frigorifique se leva alors, pour aller à la rencontre de l’Aile de Ciel. Cette dernière recula en le voyant s’approcher ; il s’arrêta alors.

« Que se passe-t-il ? Et… Pourquoi auriez-vous besoin de NOTRE aide ?
- Depuis quelques semaines, des dragonnets de Ciel, de votre âge à peu près, sème la pagaille dans la ville. » expliqua la dragonne. « Nous… Nous avons tenté de les arrêter, mais ils échappaient toujours aux griffes des gardes. Nous avons également tenté de les attaquer par surprise, mais… C’est comme s’ils connaissaient exactement toutes nos techniques de combat. Même en les attaquant à plusieurs, ils finissaient toujours par gagner. »

Écume s’avança alors.

« Mais… Si vous ne pouvez pas les arrêter, pourquoi on le pourrait, nous ? » demanda-t-il.
« Vous êtes différents. » lança un autre dragon du Ciel en s’avançant, plein d’espoir. Puis, sa mine se renfrogna, et il eut l’air confus. « Enfin, euh… Différents en bien, vous voyez ? Vous avez des techniques différentes, les dragonnets ne pourront pas deviner ce que vous utilisez !
- C’est vrai. » renchérie la dragonne, souriante. « Vous pourrez facilement leur faire apprendre les bonnes manières, j’en suis sûre. Alors, vous allez nous aider ? »

Les dragonnets se regardèrent, sceptiques. Puis, tous se tournèrent vers Frigorifique, comme pour attendre sa décision.

« Ne me regardez pas juste moi… » grommela-t-il, mais voyant qu’ils ne réagissaient pas, il se tourna vers les Ailes du Ciel qui attendaient une réponse. « Nous allons y réfléchir. On vous donnera notre décision plus tard dans la journée. »

Les dragons du Ciel se dispersèrent, tandis que les dragonnets se mirent à discuter entre eux. De toutes évidences, si les Ailes du Ciel leur demandaient de l’aide à eux, les étrangers, ils étaient vraiment désespérés. Après moult discussions, ils en virent à une conclusion ; ils allaient les aider à donner une leçon à ces dragonnets irrespectueux !

Les dragons du Ciel revinrent dans l’après-midi, pressés de connaître la décision finale des dragonnets. Ils furent ravis d’apprendre leur verdict, et laissèrent éclater leur joie au grand jour. Ce moment fut de courte durée, car soudain, une voix s’éleva, provoquant les dragonnets de Glace et de Mer ; un jeune dragonnet du Ciel était perché sur un bâtiment, plus haut. En voyant tous les yeux braqués sur lui, il détala, mais déjà, Frigorifique s’était envolé pour le poursuivre, suivit de près par ses amis. Ils devaient connaître l’emplacement de leur cachette, et les attaquer à cet endroit précis. Le dragonnet du Ciel montait de plus en plus dans les hauteurs, où le froid se faisait plus vigoureux, mais les dragonnets de Glace étaient habitués à des basses températures, et n’avaient aucun problème pour suivre l’impertinent ; seuls Écume et Vaguelettes avaient du mal à suivre. Ils finirent par repérer une grotte, presque invisible, dans un creux à flanc de montagne.

Les dragonnets entrèrent par surprise à l’intérieur d’une petite grotte ; trois dragonnets s’y trouvaient, rouges tous trois, et ils montrèrent les crocs en les voyants, avant de se jeter sur eux. Vaguelettes et Écume restaient en retrait, puisqu’ils ne souhaitaient pas combattre et avaient horreur de ça. Tout se passait pour le mieux… Quand soudain une voix retentit ; elle indiquait exactement les coups des dragonnets de Glace à l’avance, et les Ailes du Ciel les esquivaient à la perfection. Rapidement, la tendance du combat s’inversa, et les jeunes délinquants réussirent à flanquer plusieurs coups de griffes et de crocs. Les trois Ailes de Glace ne purent que se retirer en voyant que le combat ne retournait pas à leur avantage, et tous les cinq arrivèrent de nouveau en ville. Ils durent avouer aux dragons du Ciel qu’ils avaient échoués ; ces derniers eurent tous l’air déçus, bien évidemment. Au retour dans leur habitation, les dragonnets étaient abattus ; Frigorifique même leur dit qu’il faudrait mieux abandonner, puisqu’il lui semblait que les dragonnets seraient impossibles à battre. À ce moment-là, Opaline s’interposa.

« Il y a bien un moyen de les battre.
- Ah oui ? » soupira Engelure, abattu. « Ils ont une voix pour les guider, et elle devine ce qu’on fait à l’avance. On ne pourra jamais…
- Si ! »

Le frère de Frigorifique se raidit.

« Il doit bien y avoir un moyen de les battre ! Ne serait-ce qu’un ! » insista Opaline, plus déterminée que jamais. « Une voix sait ce qu’on va faire à l’avance. Et alors ? Vous avez vu la tête des Ailes du Ciel, dans la ville ? Vous les avez vus, quand ils nous ont demandé de l’aide, vous avez vu l’espoir dans leurs yeux ? Ils croyaient en nous. Nous avons échoués, et nous allons abandonner au bout d’un seul et unique essai ? Nous avons traversé un désert, Frigorifique, Engelure. Nous aurions pu abandonner en premier lieu. Mais nous avons quand même réussi à le passer, et nous sommes devenus plus forts en sortant de cette épreuve. Ces dragonnets du Ciel, ici présents, sèment la terreur dans la ville, et c’est une nouvelle épreuve qui se dresse devant nous. Bien d’autres se trouveront sur notre chemin, et nous ne pourrons pas esquiver chacune d’entre elles. Il est en notre devoir de les résoudre ! Sinon, nous n’arriverons jamais à avancer, aussi important soient les problèmes !
- Et comment comptes-tu t’y prendre ? »

Les yeux des autres dragonnets brillaient. Ils avaient, aussi rapidement qu’ils avaient décidé d’abandonner, repris courage.

« Quelqu’un devine nos actions. » continua Opaline. « Il nous faut absolument le trouver pour le neutraliser. S’il ne peut pas communiquer avec les dragonnets du Ciel, ils ne sauront pas quoi faire. »

La dragonnette continua, leur annonçant qu’elle avait un plan. Tous écoutèrent sans l’interrompre, l’air décidés.


La nuit était tombée depuis un moment, et tout était calme au niveau de la petite caverne. Tout, jusqu’à ce qu’une petite dragonne interrompe ce silence. Les dragonnets du Ciel, réveillés, se dirigèrent vers elle, l’air menaçant, alors que la dragonnette, désemparée, faisait clignoter ses marques sur ses écailles, sans dire un mot. Les mauvais dragonnets l’encerclèrent en ricanant, mais elle ne semblait pas vouloir les attaquer. Ils lui demandèrent pourquoi elle était là, elle ne répondait toujours pas, et ils commencèrent à être agacés… Ce fut à ce moment précis que Frigorifique et Opaline entrèrent, les griffes en avant, et sautèrent en direction des dragonnets rouges. Ces derniers reculèrent, grognant, puis se jetèrent sur leurs deux assaillants. La bataille fit rage, et, alors qu’elle avait bien avancée, Engelure rejoint son frère à l’attaque. Les Ailes du Ciel furent rapidement désemparés. Ils attendaient des instructions de la part de la mystérieuse voix, mais rien ne vint. Frigorifique put facilement remarquer qu’ils manquaient en réalité d’expériences en matière de combat et, quelques minutes plus tard, le combat fut terminé, les Ailes de Glace étaient victorieux.

Engelure leur révéla alors qu’un dragonnet Aile de Nuit était tapis dans l’ombre de la caverne, et, grâce à ses pouvoirs, il avait pu lire dans les pensées des assaillants de la caverne, pour permettre aux Ailes du Ciel de remporter tous les combats. Le frère de Frigorifique avait pu se glisser et le ligoter et bâillonner grâce au plan génial d’Opaline ; en effet, Vaguelettes avait été envoyée à l’avance pour distraire les trois dragonnets du Ciel, tandis qu’Engelure, avec ses pouvoirs d’Animus, se rendait presque invisible pour pouvoir passer discrètement sur le côté de la caverne et découvrir qui était la mystérieuse voix. Un instant plus tard, Écume vint, accompagné de quelques gardes du Ciel ; ils venaient récupérer les quatre petits délinquants enfin neutralisé. Pour remercier les étrangers, ils organisèrent un banquet, où ils purent faire la fête jusque tard dans la nuit.

Cependant, maintenant, il était temps de rentrer au Royaume de Glace.



Frigorifique, Engelure et Opaline, toujours accompagnés de Vaguelettes et Écume, rentrèrent au Royaume de Glace. Les parents des Ailes de Glace, très inquiets de leur disparition, les prirent rapidement dans leurs bras, pleurant de joie de les avoir retrouvés, mais aussi les réprimandant d’avoir disparus sans laisser de traces. Ils racontèrent leur voyage, la rencontre avec les deux dragonnets de Mer, leur aventure dans le Royaume du Ciel. Les parents les écoutèrent, les félicitant pour leur courage. Ils accueillirent Vaguelettes et Écume comme les leurs, et la vie reprit doucement son cours. Opaline apprit, avec l’aide d’Écume, comment déchiffrer le langage des motifs des dragons de Mer, pour pouvoir plus facilement communiquer avec Vaguelettes. Quant à Frigorifique et Engelure, ils entrèrent tous les deux en tant que novices dans les rangs de l’armée. L’histoire aurait pu s’arrêter ainsi, mais…

Le caractère d’Engelure changea au cours des années. Il devint plus dur, plus distant, et Frigorifique ne le reconnaissait plus. Il n’arrivait même plus à avoir des conversations correctes avec son frère, et ça se soldait rapidement par des disputes. Un jour, lors d’une patrouille autour du territoire, ils croisèrent un groupe de dragons, peu d’accord avec la paix entre les différentes espèces ; pour eux, elle ne devait pas avoir lieu puisque dans ce cas-là, les espèces risquaient de se mélanger, la différence, qui fait leur force, disparaîtrait aussi. Ils étaient contre les alliances entre les différents Clans, et militaient pour une animosité permanente entre eux. Grande fut la surprise de Frigorifique lorsqu’il se rendit compte qu’Engelure était l’un des leurs ! Il n’en croyait pas ses yeux, ni ses oreilles. Comment avait-il osé le trahir comme ça ? À partir de ce jour-là, Engelure disparut avec eux et Frigorifique ne le revit que très rarement, souvent lors de mission visant à arrêter et à exécuter les membres de ce groupe. L’Aile de Glace se promit à ce moment-là qu’il ferait payer à son frère sa trahison.

Les années passèrent, Frigorifique devint un vétéran dans l’armée de Ailes de Glace, et les années passèrent encore, il devint leur général. Son caractère à lui changea aussi, depuis qu’Engelure n’était plus là, il était plus froid et distant avec les autres Ailes de Glace. Pendant ce temps, il avait fondé une famille avec Opaline ; ils s’aimaient tous les deux, et avaient déjà donné naissance à deux dragonnets ; un mâle, nommé Mouche, à cause des tâches sombres qui ornaient ses écailles, et une femelle, Vanille, aux écailles blanches comme neige. Les deux petits étaient adorables, et Frigorifique fondait comme neige au soleil en les voyant jouer ensemble.

Mais, une ou deux plus tard, tous apprirent qu’une grande tempête engloutira tout Pyrrhia, ainsi que les dragons qui y habitaient s’ils ne fuyaient pas. Bien heureusement, les anciens et les quelques dragons Animus connaissaient l’existence d’une île lointaine, où tous les dragons pouvaient se rendre pour continuer leur existence de paix. Rapidement, les préparatifs furent faits, et tous étaient près à partir. Mais, avant cela, alors que Frigorifique était prêt à l’envol, son frère revint. Son apparence n’avait pas changée, si bien que Frigorifique le reconnut immédiatement. Il se souvint de la promesse qu’il s’était faite et, menaçant, se dirigea vers Engelure. Pourtant, il ne fit rien, il se contenta d’un grognement sourd, puis léger, pour enfin se calmer, et ne rester là, qu’à fixer son frère. Il avait peut-être tué des dragons innocents, qui s’étaient mêlés à une autre espèce, ou peut-être d’autres dragons, partisans de la paix, accompagné de son groupe. Mais pourtant, Frigorifique n’en fit rien. Et Engelure lui demanda pourquoi.

« Pourquoi ? Un jour, quelqu’un m’a dit que personne ne méritait de mourir. Peut-être as-tu exécuté quelqu’un, déjà. Peut-être sais-tu que moi aussi, je n’ai pas hésité à m’attaquer à des dragons, qui ne suivaient pas mes idées. Pourtant, cette même personne m’avait dit que tout le monde possède un cœur et une raison. Et je suis prêt à le croire, car il a raison. Nous sommes frères, et même si nous avons changé, avons-nous perdu pour autant la raison ?
- Écume. » lança calmement Engelure. « Il a toujours été sage. J’espère que lui et Vaguelettes vont bien. J’espère que toi aussi, Opaline, et tes enfants allez arriver sain et sauf à destination. Je ne viens pas avec vous. »

Au tour de Frigorifique de demander pourquoi.

« D’autres dragons doivent se terrer encore quelque part, et ne sont pas encore au courant pour la tempête. Je ne suis certes pas d’accord avec la paix mais… Écume l’a dit, et je le respecte. Ils ne méritent pas de mourir. Je me dois de les trouver et de les guider jusqu’à la nouvelle île. Je suis un dragon Animus, et je sais où elle se trouve. »

Ce fut ainsi que les chemins des deux frères se séparèrent. Frigorifique voulait être sûr qu’il le reverrait, et Engelure lui fit la promesse de revenir en un seul morceau. Alors, les Ailes de Glace partirent, accompagnés de tous les autres dragons, et se rendirent, guidés par les anciens, sur une nouvelle île, parfaite pour prospérer. C’était là qu’ils allaient vivre, maintenant. Vanille et Mouche grandiront ici, et leur troisième enfant, dont le nom était déjà décidé, allait naître ici. Opaline, Frigorifique, Vanille, Mouche et Nougat allait vivre une existence paisible dans ces lieux, et sûrement pour beaucoup d’années.