Under the sun's rays — [Libre]

Le ciel était encore teinté d'or et de rouge lorsque le prince s'élança de la plus haute tour du palais, flèche d'argent pourfendant les nuages blancs. Et il montait, toujours plus vite, toujours plus haut, tandis qu'un cri de délivrance sortait de sa gorge et se répercutait sur les parois des montagnes de glaces de son pays. L'air glacial, qui aurait gelé n'importe quel dragon à cette hauteur, ne faisait que lui picoter légèrement les yeux et le vent froid effleurait son corps taillé pour les températures inférieures à zéro. Il était vitesse, il était puissance, il était fantôme parmi les nuages, il était une ombre passant devant le soleil.

Cette sensation si particulière d'appartenir à un univers, lorsqu'il planait au dessus des sommets, le saisissait à la gorge et le faisait exécuter les acrobaties les plus insensées avec cette exaltation pure qu'était le sentiment de puissance. Puissance, de se sentir au dessus de tout, au dessus de ces montagnes majestueuses au sommet caché, puissance, de se sentir à la même hauteur que l'astre qui illuminait chaque jour Ottika, puissance, de virevolter parmi les nuages, effleurant ainsi les cieux du bout des griffes. Puissance, de voir dans être vu. Peut être était-ce là qu'avaient germées commencées les idées noires de ces tyrans dont on conte l'histoire aux jeunes pour les effrayer, de ce sentiment de puissance, de ce désir de ressentir cela à chaque instant. Mais ce qui intéressait le mâle, en ce moment, ce n'était pas de posséder un pays, de gouverner un Royaume. Car un Royaume vide de tout habitant et sont les terres étaient gorgées de sang n'intéressait personne, pas même son dirigeant.

Aussi, au bout de quelques minutes à passer et repasser devant le soleil, le prince plongea soudainement en piqué, se laissant tomber dans une chute libre de plusieurs kilomètres de haut. L'air compressa soudain ses poumons, l'empêchant de respirer, les larmes envahirent ses yeux et ses ailes, repliées contre son corps pour offrir le moins de résistance possible, ne pouvaient esquisser le moindre mouvement tandis que le sol se rapprochait de secondes en secondes. Ce ne fut que lorsqu'il fut à une vingtaine de mètres de la terre qu'enfin il déploya ce qui lui servit de planeur et lui évita de se retrouver mort écrasé au pays. Lorsqu'au bout d'une minute il posa enfin la patte sur le sol, ses yeux lagons scintillaient d'excitation, et chaque veine de son corps était parcourue d'adrénaline. Fougue était accro, oui, accro à l'adrénaline.

Il releva la tête lorsqu'un bruit sourd se fit entendre à quelques mètres, non loin de lui. Aussitôt, ses yeux se réduisent à deux fentes vertes, et il pivota sur lui même, muscles tendus.