Concours d’halloween 2019

Le Fantôme Impérial

-AAAAHHHHH !!!

Ce cri perçant qui traverse les murs me réveille en sursaut. Il semble s’être produit dans le couloir se trouvant juste à-côté de mes appartements. Je me dresse dans mon nid : que se passe-t-il ? Une attaque ? Les conservateurs ont-ils décidé de s’en prendre directement au palais et à moi ? Un assassin dans le palais ? A moins que ce ne soit… ?

-UN FANTÔME ?!

Quoi ? Un fantôme ? Oh, non, c’est sûrement Brise, ma servante aile du ciel, qui nous fait une crise de panique. Cette dragonne a toujours eu peur de tout, même de son ombre. Songeant que je ne risque rien, je sors de mon nid et active le crâne animusé qui se trouve à l’entrée de ma chambre pour sortir.

-Brise ?

La dragonne est là, toute recroquevillée sur le sol au milieu du linge repassé qui ramène à ma chambre, et derrière elle se trouve mes gardes, visiblement trop estomaqués pour bouger. Ils doivent se moquer d’elle silencieusement. Je leur lance un regard plein de reproche et prend la dragonne dans mes pattes en lui disant :

-Allons, allons, calmez-vous, vous avez sûrement juste vu…
-Euh… impératrice…

C’est le chef de ma garde, qui vient de me parler. Je me tourne vers lui, et remarque que certains de mes gardes tremblent. Ils ne semblent pas se moquer, seulement choqués, paralysés, comme si quelque-chose… les effrayait. Je sens aussi la peur monter en moi tendis que celui qui m’a interpellée pointe quelque-chose de la griffe dans mon dos, et je me retourne doucement…

Un être entièrement blanc, léger comme un nuage, long et fin comme un serpent, et flottant au-dessus du sol en montant et en descendant, ondulant à la manière d’une méduse, se trouve à l’autre bout du couloir. Maintenant que j’y fais attention, j’entends comme une sorte de murmure échapper de cet être, un flap flap flap régulier à chacun de ses mouvement.

Un silence pesant est tombé sur le couloir, mais il est soudainement rompu par un cri qui me fait pensé à un dragon qu’on étrangle, ou un pendu :

-Kra-a-a-a-a-ah !

Et l’être se met à foncer vers moi.

-Votre majesté, attention !

Un de mes gardes m’attrape et me plaque au sol, tendis qu’un autre se place devant nous et se met à battre l’air de sa lance dans des gestes désordonnés et paniqués.

Le fantôme, léger comme une nappe de brouillard, passe à-côté de la lance… a moins qu’il ne la traverse ? Je ne suis pas sûr d’avoir bien vu, c’est allé trop vite… et fait demi-tour pour disparaître à l’angle du couloir. Alors que le reste de la compagnie le poursuit, les deux gardes qui m’ont protégée me saisissent, ainsi que la servante, et nous font entrer dans ma chambre…

Le crâne se referme et les gardes commencent à demander :

-Qu’est-ce que c’est que cette choses ?!
-C’est un spectre ! S’exclame Brise. Un esprit vengeur ! L’ancien roi Spectral, ou la reine Scarlet, qui vient se venger de sa mort et revendiquer une place qu’ils considéraient devant leur appartenir !

Elle se tourne vers :

-C’est pour ça qu’il s’en ait pris à vous, impératrice !

J’ai toujours trouvée que Brise était trop superstitieuse, mais là, je dois bien avouer que je n’ai pas d’explication sur se qu’il vient de se passer. Je n’ai cependant pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que mes gardes pointent le crâne à l’entrée en disant :

-Regardez !

Le fantôme est là. Il se glisse par le trou de l’orbite du crâne et il se dirige à-nouveau vers moi.

-Vite, on descend !

Nous filons tous les quatre par l’escalier dans la grande salle à-manger de mes appartements. Le spectre nous suit et se met à tournoyer au plafond en faisant tomber tout se qui s’y trouve. D’abord les graines de mon oiseau domestique, qui pleuvent sur nous. Puis, au passage, il cogne le meuble remplie de vaisselle…

-Impératrice, attention !

Un garde me saisit par la queue et me tire en-arrière pour que j’échappe aux assiettes, soupières et couverts qui manquent de me tomber dessus, se fracassant ou se plantant sur le sol là où je me trouvais un peu plus tôt.

Brise, en panique, court autour de la table. Le fantôme fait, lui, le tour de la salle, puis la traverse pour me foncer dessus. Le voyant passer tout près d’elle, ma servante panique et se cogne contre la table. En remontant, le fantôme fait renverser ma tasse de café chaud du matin en plein sur le second garde, qui cri :

-WOUAH ! MAUDIT SPECTRE !!!

Le second m’attrape et me force à me mettre au sol tendis qu’il tourne au-dessus de nous en demandant :

-On doit aller ailleurs. Par où peut-on fuir ?
-Par là !

Je pointe de la griffe la porte qui donne sur mon bureau.

-Il y a une entrée secrète qui mène à la salle du trône.

Nous la traversons tout les trois, passant par la bibliothèque. Le temps que je déverrouille le crâne, le fantôme continue à nous tourner autour, faisant tomber sur nous les parchemins, qui heureusement sont trop léger pour nous faire mal, et continuant à pousser son chant étouffé.

Dans la salle de trône, nous sommes rejoints par le reste de ma garde, armés de lances. Brise dit :

-Ça ne servira à rien ! Il est déjà mort !

Et le spectre nous rejoint en passant à-nouveau par l’orbite du crâne. Il se met à nous tourner autour en continuant à crier :

-Kra-a-a-a-a-ah ! Kra-a-a-a-a-ah !

Il fait le tour de la salle en cognant les armures décoratives, faisant s’effondrer ces tas de métal, forçant mes gardes à s’écarter avant que les hallebardes ne les blessent. Puis il me fonce à-nouveau dessus et me frôle avec le bout de sa queue blanche quand les dragons s’interposent pour l’empêcher de me toucher. Il me faut un instant pour me rendre compte, surprise, que contact est tout doux, et qu’il sent la lavande…

-Laisse l’impératrice tranquille !

Un garde envoi sa lance, qui traverse la queue du spectre et part se ficher dans un mur avec un bruit de déchirure. Il est coincé, la lance planté dans sa queue l’ayant bloqué, et tombe au sol, s’agitant avec un mouvement de panique dans tout les sens, poussant son cri avec plus de force.

-Une seconde…

Lances en-avant, mes gardes s’approchent, et un dit :

-Mais… c’est un drap !

Ils le saisissent et l’écartent, dévoilant en son centre un petit oiseau noir ayant la patte pris dans un fil du linge et qui se débat pour s’en libérer. Je m’approche de l’animal en demandant :

-Imissaire ?

Et alors qu’elle se met à me piailler après avec colère, semblant très clairement me gronder, je comprend que le spectre ne me poursuivait pas pour me faire du mal, mais seulement pour que je l’aide à sortir de là...

   Un long voyage :



Kárvana jouait avec ses cinq frères, sur la petite île où s'était installés ses parents depuis peu.
Depuis qu'ils avaient posés la patte sur l'île, les six dragonnets courraient par-delà les dunes et les cyprès pour découvrir l'île dans son ensemble. Un vieux volcan à demi éteint s'élevait en son milieu, et ses flans millénaires étaient envahit par la végétation. Kárva, -surnom que lui donnait son plus jeune frère- trouvait qu'il avait une drôle de forme, ce volcan. Il lui paraissait sympathique. D'ailleurs ils étaient content de l'avoir trouvé.
- Comme ça ont aura de la chaleur cette hiver ! Avait dit son père.
Il faut dire que les Ailes de Braise, dépensaient rapidement trop d'énergie à chauffer leurs écailles et l'hiver ils étaient donc épuisés. Évidemment, leurs parents leurs avaient dit de ne pas trop s'éloigner, mais comment empêcher une bande de joyeux dragonnets de se jeter sur l'aventure et explorer une merveilleuse île mystérieuse. Leurs parents avaient beau leur raconter l'histoire des treize survivants, l'histoire avec les "grooos mézants dragons squelettes" -description de son petit frère- qui égorgeaient les dragons un à un, les six furies ne voulaient rien d'entendre.
Ils aimaient bien ces histoires, d'ailleurs.
Ils aimaient en raconter. L'idée était de faire le plus peur possible.
Kárva, étant la plus grande, gagnait le plus souvent. Sauf quand sa mère racontait ses histoires. Elles étaient vraiment FLIPPANTES, genre celles qui te font tellement PEUR que tu sursaute TOUT LE TEMPS pendant une semaine. Bon, aussi parce-que tu as quatre grands frères qui essayent constamment de te faire peur, et surtout une grande soeur ABOMINABLE. Elle est trop énervante. Elle te fait SURSAUTER TOUT LE TEMPS. Et avec les histoires de Maman, bah c'est pas drôle, parce qu'après on fait des cauchemars, et que tout le monde se moque de moi. C'est comme quand maman a raconté l'histoire des deux dragonnes damnées. Ça m'a fait FLIPPER pendant TROP longtemps. C'est mézant. Mais ze ne l'ai pas dit à Maman. Elle se serait moquée de moi. Comme Volcan.
"Ohh, le petit bébé, on a peur des histoires d'Halloween ?" avait dit son frère avec dédain, cherchant à énerver son petit frère. Celui-ci s'était indigné et avait râlé. "Bien fait" avait-il pensé. "Ce bébé n'a qu'à pas jouer avec nous."
Puis il s'était dis : " je vais m'amuser à l'embêter et à lui faire peur.... Je me glisse derrière lui pendant que Kárva.... Hop ! Je lui fait le signe qu'on avait choisit... Ahh. Avec nos amis, sur l'ancienne île.... Que de rires... Bon, reprenons... Ah. Elle m'a vu. Elle détourne son attention..." il s'était glissé derrière lui et lui avait sauté dessus "BOUH" et le petit avait hurler de peur. "Ahh... L'ancienne île... Ils ont beau écouté ces histoires, ils ne comprennent pas. Ils n'essaye pas de comprendre. Comment pourraient-ils ? Ils sont trop jeunes... Pourtant, les treize rescapés.... C'était assez dissuasif, non ? Chaque dragon qui s'aventure un peu trop loin sont tué. Ce n'était pourtant pas assez dissuasif pour eux." Son regard se perdit dans le vague" Comme le pourquoi nous avons quitter l'ancienne île.... J'espère juste qu'il ne va rien leur arriver". Elle regarda la direction qu'avait prit ses dragonnets.
Ceux-ci se dirigeaient  plus vers le centre de l'île, se mouvant dans la petite végétation de celle-ci.
Volcan se mit à hurler.- Aaaah ! Nous sommes des naufragés sur une île déserte... Il y a sûrement des méchants CANNIBALES qui vont nous attaquer. À ces mots, le plus jeune se ratatina un peu sur lui-même. Kárva répliqua : -Pff, si elle est déserte, ton île, il y a personne dessus, donc pas de cannibales.
-Et bah y'a que des cannibales sur mon île! Des cannibales... ZOMBIES !! Dès qu'ils nous touchent, on est mort et on est un cannibale ZOMBIE ! Puis il mit une patte sur sa gorge. -Ahh! Un m'a mordu, fuyez ! Puis il imita un zombie et se dirigea vers ses frères et sa sœur qui s'échappaient à grands cris.
Volcan toucha un de ses frère qui se mit à faire le zombie aussi. Kárva s'approcha de Volcan dans le dos, et le toucha là où une lame aurait transpercé son corps. Elle s'exclama : - Je t'ai tué ! J'ai gagné ! Vexé, Volcan répondit : - Bah non c'est de la triche, tu peux pas tuer les zombies ! Puis le plus petit pleurnicha  qu'il n'aimait pas jouer aux zombies. Kárva soupira et déclara que comme tout le monde faisait n'importe quoi, on ferait mieux de jouer aux naufragés-tout-court.
Ses frères finirent par se calmer, et ils commencèrent a amasser des pierres "pour le feu".
Elle partit avec Volcan et son plus jeune frère, Firedust. Ils se promenèrent un petit peu et ramassèrent tous les bâtons qu'ils purent.

Kárva revenait au 'camp' quand elle glissa et tomba dans une petite caverne. Les herbes et lianes aillant amorties sa chute, elle se retrouva sur le dur sol de pierre sans trop de mal. Elle se releva, puis comme ses deux frères l'appelait, elle situa sa position avec un long sifflement. Ses petits frères accoururent, et la retrouvèrent, la tête sur un bout de parchemin tout jaunit. Elle leva la tête et leur lança : - J'ai trouvé un truc génial ! Elle brandit le bout de rouleau déchiré. Puis elle eut une petite moue dépitée.
- Par contre, je n'arrive pas à le lire... Je vais l'amener à nos parents, ils sauront sûrement comment le déchiffrer. De toute façon, la nuit commence à tomber.
- J'ai peur. Murmura Firedust. Volcan faillit le railler d'une boutade bien venimeuse, mais Kárva l'en empêcha d'un regard dur qui disait clairement "ce n'est pas le moment".
Ils revinrent donc au campement. Le jour se fit sombre et la fumée rougeâtre du volcan à l'horizon n'avait rien de rassurant.
Volcan dû bien reconnaître qu'il avait un peu peur. Pour tromper sa peur et montrer qu'il était un vrai "dur", il commença à plaisanter sur les ombres qui les "observaient". Le petit Firedust tremblait de peur et Volcan eut du mal à cacher le tremblement de sa voix.
Alors tous les regards convergèrent vers leur grande sœur, Kárva. Celle-ci se dandina une patte sur l'autre, gênée, avant se presser le pas vers le camp qu'avait fait ses parents en murmurant qu'ils allaient vite rentrer pour rassurer tout aussi bien ses frères qu'elle.
La nuit fut presque complètement tombée quand ils rejoignirent enfin leurs parents.
La mère de ces garnements les réprimanda, les sourcils froncés qui ne cachaient pas totalement le fait qu'elle avait eu peur pour ses enfants.
Kárva ressenti un étrange malaise. Embarrassée par l'oppressante atmosphère, elle donna le parchemin à la mère, qui l'examina d'un œil légèrement étonné et incrédule. Sa fille vit cependant une étincelle et un nuage passer sur son museau, trop rapidement pour qu'elle puisse l'interpréter.
Elle rejoignit ses frères, sans s'éloigner trop de sa mère, pour pouvoir entendre ses paroles, puis écoutant les histoires d'horreurs de ses frères d'une oreille distraite, elle attendit le moment propice où sa mère lirait son parchemin.
La Lune de Faoraa se leva, ronde et brulante, illuminant le ciel d'une lueur jaune orangée. Les deux autres lunes la suivirent, comme une longue traine. Eleuoraa était à son zénith lorsque Kárva étendit, ou plutôt sentit un mouvement derrière elle. Sa mère allait enfin lire ce satané parchemin. Elle entendit Volcan marquer une pause dans son récit.
- Et c'est alors qu'elle fut dévorée, dans son sommeil, par le monstre sortit de l'ombre ! Puis rapidement enchaîné par un :
- Super effrayant ! Bon, à moi ! Il était une fois trois dragons qui....
Le bruit de leurs voix fut presque annihilé par la concentration de Kárva sur le bruit des serres de sa mère sur son parchemin. Elle commença à mit voix, pensant que ses enfants n'entendraient pas son récit. Kárva s'approcha très légèrement de sa mère.

- Dernier quart de la Lune de Detoraa :

Ma chère famille, j'ai écris ici mes souvenirs pour afin qu'un jour vous sachiez la vérité. Certains me traiteront de menteur, d'autres de fou.
Les seconds ont sûrement raison, mais qu'importe. Je vous écris enfin la vérité sur mon histoire, sur ce dont l'on m'accuse.... Je n'ai pas beaucoup de temps... Elle me cherche. Elle va sûrement venir ce soir. Elle ne veut pas qu'il reste une seule trace. Mais elle ne connaît pas l'existence de mon journal.... Heureusement, d'ailleurs.
Voici un recueil de mes mémoires, mon journal, mes cinq dernières années. Elles vous expliqueront ce qui s'est réellement passé. Elle se rapproche, je la sens. Je vous aime, maman, papa, je pense à vous. Et toi, Ilcarialaa, ma chère petite dragonnette, prends bien soin de tes grands-parents. Tu es trop jeune pour lire ces lignes, mais un jour tu liras cette lettre et tu te remémorera avec tes grands-parents, de ceux qui t'ont donnés la vie.
Je vous aime. Adieu, je vous retrouverai dans l'Au-Delà, où nous serons tous réunit. Je vais bientôt rejoindre ma bien-aimée....

Elle marqua une pause, puis avec un bruissement de feuilles déplacée, elle reprit, le ton un peu modifié, comme quand elle parlait du continent qu'elle avait quitté. Une voix un peu triste et remplie d'un léger tremblement à peine perceptible à l'oreille, mais qui résonne en toi comme le son d'une cloche.

Premier quartier de la Lune de Eleuoraa :

Nous nous sommes enfuis et avons trouvé enfin une terre hospitalière. Nous sommes arrivée en pleine Lune de Detoraa. Nous nous sommes enfin installés...
La mère sauta un passage, voulant arriver plus vite à l'essentiel, tandis qu'elle murmurait :
- j'espère que vous blabla moi aussi blabla.... Non rien de plus... Ah voilà !

Dernier quartier de la Lune de Faoraa :

Nous avons fauché nos premières récoltes. Et nous semons nos deuxièmes. Ma fiancée, m'a aidée à semer nos légumes. Vous me manquer... Blabla ....et on va bientôt se marier... Blabla.... Je viens vous voir bientôt.... Blabla..... ....Eu une étrange impression depuis trois jours... Plus ou moins. Depuis la pleine Lune de Faoraa... La Lune du Destin.... Blabla.... Sens un étrange pressentiment.... ....Dois me faire du souci pour rien.... Blabla...

Premier quart de la Lune de Detoraa

La lune Noire doit me rendre nerveux : le pressentiment s'intensifie. Je ne suis plus à l'aise sur cette île.... Je vais bientôt venir vous voir.... Ça fait presque deux mois que je vous ai quitté et que j'ai envoyé ma première lettre. Les services de communication sont parfois lent mais ils donnent tout ce qu'ils peuvent....

Pleine Lune d'Eleuora :

Aujourd'hui, nous nous sommes mariés, Igniacaadis et moi. Mais la lumière de la Lune n'a pas chassé l'angoisse qui me tourmente encore. Mais j'aime trop mon épouse pour la laisser sur l'île tandis que je viens vous voir. Peut-être le mois prochain... Blabla ...

Dernier quartier de Faoraa :

Le Destin choisit nos voies durant notre vie. Igniacaadis va avoir un œuf. Quelle joie pour moi ! Elle desserre un peu l'étau qui compresse mon âme...

La voix de la brave maman se brisa un peu.
Son regard descendit vers ses propres enfants, une joie un peu triste se peignit sur son fin museau.
Elle regarda son mari et ils s'enlacèrent un moment, comme pour se rappeler le vieux temps et ailes contre ailes, les larmes dans les yeux, elle continua :

- Lune sombre de Detoraa :

L'obscurité a assombri mon âme. La petite est née. Et pourtant, l'île me traque dans mes cauchemars. Je suis heureux et pourtant l'angoisse étreint mon cœur. Je viens vous rendre visite comme prévu. Je m'excuse pour cette année d'attente... J'espère que mes lettres vous auront fait patienter.... Je vous amènerais ma jeune petite fille. Une escapade hors de l'île me fera du bien. Je verrais que je me fais du souci pour rien.

Premier croissant d'Eleuoraa :

J'arrive bientôt... Blabla ...

La maman glissa ses yeux couleur braise vers le bas du parchemin.

- Dernier croissant de Faoraa :

Je trouve bizarre le manque de nouvelles d'Igniacaadis. Je trouve cela même inquiétant. Je vais voir. Je reviens vite. Ma fille dors dans le petit berceau.
De toute façon, je revient vite...Pourtant l'angoisse reprend mon cœur...

Dernier croissant de Faoraa :

Chaque battement d'aile est pour moi un véritable supplice... J'espère arriver vite....

Lune sombre de Detoraa :

Non, NON ! Je ne peux croire ce que je vois ! Il n'y a plus rien sur l'île, que des squelettes pleins de poussière et des champs de roche nue pleines d'arbustes morts et craquelés. Ooh non !
Pourvu qu'elle soit partie à temps !
Je trouve les restes de mon habitat, en ruine. Je rentre à toute volée, et je percute un corps. Il tombe, je tente de le rattraper, mais mes serres ne touchent que de la poussière, et ses orbites vides me regardent avec toute la tristesse, la peur et la douleur du monde. La mienne transperce mon corps. Je pousse un hurlement. Aucune vie ne me répond. Chère famille, prenez bien soin de ma petite, je m'en vais. J'ai sentie Sa sombre présence. Ses orbites noires et flamboyantes comme les enfers m'avalent. Elles rampent sur le sol, dégoulinant sur la roche nue, toutes vies envolées. Ses ailes déchiquetées m'encerclent, elles me cherchent, leurs mille yeux de feu fouillent les ruines... Ses ruines. Je ne peux rester. Je m'enfuis à tire-d'aile avant qu'elles ne m'attrapent de leurs milles serres noires et gluantes.

Édit : toutes ces lettres n'ont pu être envoyées, je les ai collées ensemble pour qu'un jour vous puissiez les lire.

Lune ? Certainement en plein cercle lunaire de Faoraa :
Ah. Le Destin ! Il a été bien cruel avec moi.
La Sœur Immortelle a détruit mon bien le plus cher. Mes démons m'ont rongés jours et nuit. Je suis sur une autre île, entouré par de sombres arbres. Ils m'oppressent. Il me semble que je vois encore la terre désolée de mon ancienne île. Elle me sens, elle est là. Je sais et ne sais pas ce qu'elle est. Elle est ombre, elle est démon. Elle est Immortelle. Hélas. Sue puis-je faire devant sa seule idée ? La peur m'a brisée. Aah ! L'ombre qui me suis derrière l'arbre, es-ce elle ? Elle me voit ! Elle est là de ses mille yeux. Ses mille bouches me murmurent de revenir. Rien ne sert de courir. Ton Destin te rattrapera. Je pousse un hurlement de terreur et repars le plus vite, à tire-d'aile.
Elle est là, à côté de moi. Non ! Dernière moi. Ses mille yeux pénètrent comme des braises sous mes écailles, chaque parties de moi est arrachée à ma conscience. Mes pattes ne m'obéissent plus. Elles se jettent sur moi. "Accepte ton Destin". Que celui-ci me pardonne, je n'arrive qu'à hurler et me débats pour m'échapper. Mes ailes lâchent et je tombe... Dans l'eau ? Non. Dans le sable. La chute est terrible, plusieurs de mes côtes se brisent et l'os de ma patte avant gauche se casse net. J'étouffe un cri. Mes monstres sont pires encore que mes douleurs physiques. Malgré tout, je me renvole de nouveau, puis, épuisé, je finis par me poser sur la même île, et dormir d'un sommeil peuplé d'épouvantes, pourchassé sans relâche par l'Immortelle. Le lendemain, je panse mes blessures, et, mes esprits ayant reprit un temps soit peu le contrôle de moi-même, je pense à ma famille et me mets à pleurer. Je finis par m'installer sur l'île, bien que la hantise de l'Ombre me poursuive toujours.

Premiers quartiers de Detoraa :

La Lune Noire, la Lune de la Mort, me suit, me surveille, comme si un de Ses mille yeux me surveillait et l'observait partout où j'allais. Les deux autres lunes assistent aux spectacle. Faoraa brille, son œil est froncé par le courroux. Je n'ai pas accepté mon Destin. Je me détourna de cet œil hostile. La Lune Eleuoraa, toujours si resplendissante, semblait écrasée par les deux autres, semblant s'éteindre avec moi, détruite par le Destin et la Mort. Chaque miette de mon esprit chuchote sur moi, sur mon destin. Mes démons resurgissent. Elle me surveille. Elle est là. Derrière moi. Elle arrive à grands pas. L'énergie du désespoir étreint mon cœur. Je repars, vers l'est, toujours plus loin de mes cauchemars.

Dernier croissant de Detoraa

J'arrive sur une nouvelle île.
Sa forme biscornue me rappelle la tête de Celle qui me poursuit.
Mais mon corps éreinté ne laisse pas le temps à mon cerveau de se décider à quitter l'île et je me pose sur une plage de sable fin de la même couleur sombre que les écailles des Ténèbres qui me poursuivent.
Je dors. Les Cauchemars reviennent me hanter chaque nuit. Combien de temps ai-je voyagé ? Combien de temps m'ai-je caché ? Sur cette île ?
Cela fait presque la moitié de l'âge de maturité d'un dragon. Trois ans. Trois qu'Elle me poursuit. Elle et tous ces sbires. Sombres et clairs. Ténèbres et Lumières. Étrange dualité qui  L'accompagne. Ma petite fille doit maintenant être née depuis deux ans et dois apprendre à voler avec ses grands-parents. J'espère qu'ils lui auront choisit un beau nom. Hélas, je ne peux revenir la voir... Ce serait L'amener à elle. Une larmes coule de mon œil.

Effectivement, une légère tache gondolait le papier.

Lune de Faoraa :

Un cycle et demi de lunes s'est écoulé. Cela fait un ans et demi que je suis sur cette île. Mes demons m'assaillent. Je dois repartir. Elle revient.

Lune claire de Detoraa :

Je me cache à Sa vue. Mon seul moyen de me cacher est de vivre sous terre la nuit et vivre le jour. Je quitterai l'île que pendant la lune d'Eluoraa. J'espère que sa lueur saura me guider. Elle me poursuit sans relâche, et le Destin me regarde de son œil unique et outré. Sous terre je suis à l'abri. Pour l'instant. Elle ne me voit que sous cette lune sombre. Dès que celle-ci descend à l'horizon, je pourrais repartir.

Premier croissant d'Eluoraa :

Je suis reparti. La lune de Detoraa n'est pas encore levée dans le ciel, mais je cherche à trouver vite une île avant la montée de Son œil rouge.

J'ai enfin trouvé un abri. Il en a fallu de peu. Elle allait darder Son œil sur moi! Je me suis caché, épuisé, dans les fourrés.
J'attends toute la nuit que ses rayons néfastes fuient.
Dès qu'Elle eut disparue, je recherche un nouvel abri.

Lune sombre de Detoraa :

Un petit temps dans écrire. A me cacher. Je cherche toujours la cachette parfaite. Je change d'île à la prochaine lune claire d'Eluoraa.

Premier croissant de Faoraa :

J'ai changé d'île. Je n'allais rarement loin d'île en île. Mais il faut que je trouve le moyen d'aller vraiment loin. Hélas je ne pas un Aile de Vent. Mes ailes ne me transportent pas à une vitesse folle à travers l'océan. Surtout que je n'ai que peu de temps entre les regards assidus d'Elle-même.

Lune claire d'Eluoraa :

Les lueurs de la lune de la Lumière et de la Vie m'ont éclairés. J'ai trouvé le refuge parfais ; je resterai sous terre. La découverte de galeries me permettront de fuir mes Démons.

Lune de ??? Sûrement trois cycle lunaires plus tard.

Hélas les galeries sont de vrais labyrinthes. Impossible de savoir par quel côté aller. Il y a plus la lumière des lunes. Je ne sais quelle lune tourne au zénith. Je ne peut que mal avancer. Malgré ma bonne vision nocturne, je ne vois rien. Je n'ai rien pour m'éclairer. Ah ! Si j'avais été un Aile de Lave ! Mais la place de mon clan n'est pas sous terre. Je ne suis pas claustrophobe. Enfin pas trop. Disons que je m'y suis habitué. Ma Terreur a vaincue celle, beaucoup plus petite, originaire de mon clan, légèrement touché par cette peur.
Malheureusement, il y a pas que cela qui m'empêche d'avancer. Je n'ai pas mangé depuis ce qui me paraît des décennies. J'ai beau être résistant, je meurt de faim. Ah si. J'ai mangé. Un mulot. Une charogne conservée par la terre que j'ai dû déterrer et dont il ne restait que quelques os. Mais ce fut quand-même le meilleur des repas. Hélas. Plus de mulot. Plus d'eau. La fin vient pour moi.

Lune d'Eluoraa :

J'ai réussi à trouver une sortie grâce à des chauves-souris qui m'ont guidé. Je ne les ai hélas pas bien récompensé. J'en ai mangé la moitié. J'en suis navré, mais je serais sûrement mort sans cela.
Je suis sur une autre île.
Les étoiles ont beaucoup migré, aussi bien à cause de mon déplacement que le temps écoulé sous terre.
Je serais d'ailleurs contraint d'y retourner. Mais cette fois, je prendrais de longues cordes de lianes que je tresserai qui me serviront au cas où je me perdrais.
Je calcule le temps à errer dans les grottes, et ma distance parcourue.

Dernier quart de Faoraa

J'ai apparemment voyagé plus vers le nord que je pensais... Un peu au nord-est, en réalité. Je suis sur les vestiges de l'ancien royaume des Ailes Rapides. Il y a cependant d'autres souterrains qui vont cette fois, bien vers l'est.
Cela fait bientôt cinq ans, selon mes calculs, que j'aurai quitté cette île maudite.
Ou quatre ans et demi... Comment va ma petite? Comment l'auront-ils appelé ? Dans ma dernière lettre, j'ai mis tout les noms les plus beaux que j'ai trouvé. J'aime beaucoup ce nom : Ilcarialaa... J'espère qu'ils auront choisit ce nom. Hélas je ne peut le savoir. Tant pis. Je l'appelerai par ce nom que j'aime tant.

Lune claire d'Eluoraa

Je me suis encore enfuis de mes démons qui me rongent jours et nuits. La douleur de mon âme est plus que je ne pourrais jamais supporter. Je me sens sombrer petit à petit dans la folie. Je me demande parfois si je n'étais pas fou dès le début. Possible. Tant pis. Je suis maintenant réduit à errer dans les couloirs sombres des entrailles de la terre. Heureusement cette fois j'ai pu remplir mon ventre comme j'ai pu et me servir de ces cordes pour avancer. Hélas, malgré la solide composition de mon clan, le froid commence à m'envahir. Je ne comprends que partiellement pourquoi, l'hiver dans les îles équatoriales était particulièrement doux et je dois m'approcher d'un de ces "Tourbillons Météorologiques Primordiaux", créés par magie lors de la grande Bataille des Animus. Celle qui a ravagé nos terre bien avant ma naissance. Celui-ci est glacé. Sûrement l'œuvre des sbires de la reine du Charbon. Un autre se situerait dans le sud, à l'opposé de celui-ci. Chaud, cette fois. Contrecoup pour protéger du froid le clan des Ailes de Minéraux si fragiles. Ces monstres magiques tourneraient depuis déjà plusieurs générations, et ne cesseraient de tourner que quand le monde aura disparu. Ils transforment complètement le climat, donc c'est possible qu'il fasse donc plus froid à l'est. Sans compter l'angle couché de la planète dans sa rotation.

Lune sombre de Faoraa

Je suis arrivé sur une autre île. La prochaine lune marquera les cinq ans que j'ai perdu à fuir. Cependant mon appréhension s'est modifiée.... Je suis las de me cacher, de fuir comme une bête en peine. J'ai peur des Lunes ! Et depuis peu, l'Oeil de Faoraa a cessé de me fixer avec colère. Mes peurs reviennent. Je les attends. Je les connais depuis si longtemps. Ça n'a pour moi plus d'importance. Je ne retournerai pas voir mon enfant, de peur qu'elle soit maudite elle aussi. Je Lui fait front, mes ailes m'empêcheront d'aller plus loin : les tunnels s'arrêtent ici et il n'y a que la mer à portée de vue. Je m'épuiserai inutilement à fuir. Je ne peux plus me cacher. Tant pis. Je ne reste cependant pas stoïque. Sa vue même me fais peur et mes démons s'acharnent jours et nuits sur moi. Mais maintenant, ces démons font presque partie de moi. J'ai quand-même peur. Tant pis. Je n'ai plus grand chose à perdre. J'ai finalement accepté mon Destin.

Sa voix se brisa sur ce dernier mot.
Elle reprit sa lecture, la voix rouillée et les yeux mouillés par l'émotion.

Premier quart de Detoraa

L'Enfer se déchaîne sur moi. Elle hurle à mon oreille. Je perçois dans la brume ses yeux de feu, son pâle visage blanc, et son sombre corps, dégoulinant en pattes et serres liquides qui se reserrèrent sur moi.

Le récit était écrit sur le reste du cahier, qui n'était à l'origine qu'on amas de feuilles désordonnées.

Une larme coula de l'oeil de ma mère.
Moi, je restai là, dédaigneuse, pensant qu'il fallait être vraiment toqué pour croire à se genre d'histoire. Mais enfin! Comment pourrait-on être assez fou pour avoir peur des lunes? Je n'ai pas compris l'émotion de mes parents.

Et pourtant, j'aurais dû...





J'aurais dû croire en cette histoire effrayante. J'aurais dû au moins chercher à comprendre. Mes parents. Le sens qu'il y avait derrière ces larmes, ces paroles.

Hélas, maintenant il est trop tard. Elle a été emportée et mon tour viendra très bientôt. Je La sens autour de moi.
Mais commençons par le commencement. J'ai grandis avec mes frères, sur les différentes îles. Mais un jour nous avons enfin atteint un continent ! Nous eurent enfin une vraie terre sous nos pattes ! J'ai vécut sur le continent un bon nombre d'années. Nous étions heureux. Il y avait même les mêmes volcans que ceux de l'ancien continent dont nous parlaient nos ancêtres. D'autres Ailes de Fumée, arrivés avant ou après nous, vivaient près de nous. Une nouvelle reine fut élue, la majorité des survivants ayant atteint le continent.
Les Ailes d'Orage avaient fait de même avec leur clan.
Ils vivaient dans des montagnes et dans un royaume souterrain.
Nous vivions en bonne entente.
Mes parents devenaient âgés, et moi je me construisis une famille. Plusieurs de mes frères firent de même. Nous étions heureux. Cependant Fireash restait anxieux. Il avait ressenti quelque chose que nous n'avions pas perçu.
Les doigts sombres et glacés des Ténèbres descendirent lentement et silencieusement sur notre continent. Puis Elle a frappé. Ce fut d'abord mon père, qui fut touché par un mal mystérieux. Plusieurs familles avaient le même problème, chez les deux clans, et la maladie se propageait extrêmement facilement. La moitié du continent fut rapidement touchée par la maladie en quelques cycles lunaires.
Puis, lentement, après une longue agonie, Elle déchira mon père et celui-ci mourut.
Toute la famille le pleura longtemps. D'autres décès furent plus ou moins rapidement signalé. Puis les décès se firent de plus en plus nombreux, si bien que l'on se demanda si notre espèce n'allait pas disparaître. Finalement, un animus se porta volontaire pour rechercher ou créer un remède à la maladie. Celle-ci résistait au froid polaire tout aussi bien qu'à la chaleur torride mais bienfaisante de la lave. Certains pensaient même que nous avions été maudits. Je n'ai jamais été superstitieuse, mais je dois bien avouer que cette fois, j'y ai cru. Les gens sont morts autour de nous. Les Ailes de Tonnerre furent de moins touchés et l'animus leur annonça qu'il avait trouvé le remède. Il se trouvait dans une clairière magnifique, au centre du continent. Là-bas une plante poussait qui pouvait les sauver. Et donc, malgré quelques sobriquets sur les dragon-vaches, tous finirent par s'y conduire. Enfin du moins essayer. Certains étaient trop mal pour y aller ou mourraient en chemin.
Je voulu y aller avec ma mère, qui avait récemment attrapé la maladie mortelle. Mais elle avait perdue sous amour et malgré ses promesses, elle se laissa gagner par la maladie et s'effaça. Elle disparu, et la plupart de mes frères aussi, bien que je perdis contacts avec la plupart d'entre eux.
Malgré tout, je suis allée récupérer ces plantes, pour moi et ma famille. Mais j'appris en rentrant que l'une de mes filles était morte. Je pleura longtemps sa mort, puis, je donna la plante salvatrice à mon amant, et au reste de mes enfants. Je fois semblant de prendre la mienne et j'ai surpris mon mari faire de même. Tant mieux. Mes deux plus grands enfants seront capables de s'occuper des plus jeunes.
J'offris la précieuse plante à des familles en besoin immédia, puis j'appris le nom et l'identité de l'animus qui avait cherché et trouvé le remède, qui pour certains était animusé. Cet animus, n'était personne d'autre que mon frère, Fireash. Il mourut d'ailleurs lui aussi de la maladie, préférant offrir aux autres la plante. Je suis fière d'être sa sœur.

La maladie agite mon corps. Moi et mon mari nous nous sommes éclipsé de notre maison, en laissant un mot pour nos enfants. "Nous sommes avec vous dans votre coeur à jamais et pour toujours. Lava, Roche et Brûlant, prenez bien soin de vos petits frères. On vous aime très fort."
C'est pour bientôt. J'ai peur. Heureusement nous sommes deux dans cette épreuve. Les Ténèbres envahissent mon esprit. Elle arrive.
Elle est proche de nous, maintenant, je pourrais presque la voir.




F I N