[PV Perce-Neige ] Rencontre avec une Aile de Glace

Elle s'arrêta alors pendant un moment qui me parut infini. Elle voulait me faire mourir de noyade. Elle attendait patiement, mais elle n'affichait aucune expression. Comme si elle n'était pas vraiment là.
Soudain, du Noir. Je me sentais partir peu à peu. J'ouvris la gueule au desespoir, comme si l'air allait traverser l'eau jusqu'à moi. C'est là que ma vision se brouilla, et je m'évanouis.

A mon réveil, j'entrevoyait un rayon lumineux. "Est-cela la mort ?" Mais non, je sentais du sable s'infiltrant entre mes écailles. Un léger bruit de mouette, et de vagues. Une légère brise contre mon visage, mais cette vision de mon sang qui coulait dans l'eau persistait. Le temps était frais, ainsi qu'une forte odeur; celle de l'eau. J'étais de retour au royaume de Mer. Brusquement, ma respiration reprit. J'eu d'abord une grande inspiration, mais mon souffle devint de plus en plus régulier. Tout était un peu chambouler, je ne me souvenais de pas grand chose, hormis cette dragonne aux yeux terrifiant me fixant dans mes derniers souffles. Je m'étais fait avoir: Une hybride Aile de Mer Aile de Pluie ? C'était la seule idée un peu prés plausible. Je me relevais, mais juste à côté de moi était assise une dragonne. La dragonne. Soudain, je fus prise d'une grande colère mêlée d'incompréhension.

- "Qu'est-ce que tu veux à la fin ?! Je .. "

Je m'envola, ne souhaitant rien risquer. Mais, encore trop abasourdie, je me reposa quelques mètres plus loin, m’enfonçant dans un petit bosquet.

J'étais redevenue moi-même. Mais je sentais toujours une présence. Sa présence. En la tuant, j'étais devenue pareille qu'elle. Je secouais la tête.
''Non. Elle ne vivait pas vraiment. Je veux être meilleure qu'elle.''
Mais au fond de moi, je savais que j'avais commis une faute. Finie l'innocence, envolée, la naïveté. Je ne serais plus jamais la même. Sans m'en rendre compte, je reprenais petit à petit les anciennes couleurs. Sauf que j'étais plus foncée, que mes écailles habituellement blanc perle était d'un argent-gris doux, mes cornes et ma crête noires et mes membranes blanches. N'y prêtant pas attention, je soupirais. Comment... Comment lui faire comprendre que je n'étais qu'une dragonnette qui avait commis une erreur impardonnable...?
- Je...
De grosses larmes dévalaient à présent mon museau, mouillant le sable. J'étais perdue, seule et sans défenses face à une dragonne qui devait probablement me détester. Je fermais les yeux, attendant les coups de griffes et de crocs qui me lacèreraient jusqu'à la mort.

Je m'avança entre les herbes basses. Le jour venait apparemment de se lever, mais j'avais l'impression que tout ça ne formait qu'une journée. Je me retourna pour voir si mon ennemie me suivait, mais au lieu de cela, je ne vis qu'une dragonne baissant la tête.

"Trop tard, je ne peux pas rester ici avec ce danger constant."

Mais sous l'effet de la fatigue, je m'écroula entre deux buissons. J'essayais de m'approcher de l'arbre le plus proche, afin de m'y allonger.

"Il faut que je m'en aille. Elle va me tuer dans mon sommeil."

Le sommeil me vint tout de suite, je n'eu pas le temps de me relever.

Je fut surprise de ne pas le faire rouer de coups. Au lieu de cela, elle cherch à fuir et un bruit sourd accompagna son écroulement. Je me précipitais. Elle étais là, adossée à un arbre, évanouie. Je soupirais. Qu'avais-je fait aux dieux pour mériter un tel sort ? Puis je bailla. Je décidais de m'alonger à côté d'elle, roulée en boule. Le sommeil m'accueillit à pattes ouvertes.

J'émergeais du sommeil, secouée par une chose glacée. C'était Perce-Neige, qui avait l'air de craindre de s'approcher de moi, ce dont je pouvais lui en vouloir. Je me relevais lentement, engourdie.
- Pardonne-moi pour hier... Je...
Je n'avais aucune idée de quoi ajouter, alors je me tus. Elle m'en voudrait et me détesterais, c'était sûr. Je baissais la tête, attendant les insultes ou les coups.

Elle ouvrit lentement les yeux. Je m'ecarta dun bond lorsqu'elle se remit sur ses pattes.
Sa voix paraissait différente elle aussi: elle n'était pas sarcastique, mais plutôt hésitante.
Moi aussi j'étais apeurée, tous mes muscles tremblaient, et je regrettait de ne pas être aussi féroce que mes parents, tout en gardant mon état d'esprit.

- Je... Je ne comprends... Pas...

Ma voix était encore plus tremblante que la sienne.
"Pitoyable." Pensais-je, comme toujours.

Je soupirais, désolée.
- Moi non plus...
Je relevais la tête. Elle ne paraissais pas agressive, mais plutôt effrayée, en fait. Ça tombait bien, je n'avait aucune envie de me battre. J'étais complètement assommée.

- Comment ça tu.. tu ne sais pas ?!

Dans cette peur se mêlait de la colère. De l'incompréhension, de l'angoisse...
Elle le savait. Elle me mentait. Mais désormais, je voulais juste m'en aller le plus loin de ce royaume. Tous les ailes de mer étaient ils ainsi ? Des fous assoiffer de sang qui devenaient gentils pour tuer les étrangers ? Ce n'était pas du tout les rumeurs qui circulaient entre les royaumes. Cette aile de mer avait du croire qu'elle m'achèverais, mais alors...

- C'est toi qui... Ma sauvé ?...

- Oui, soupirais-je.
'' C'est moi qui ai essayé de te tuer, aussi...'' rajoutais-je pour moi-même, sans l'énoncer à haute voix.
Je m'agitais, incapable de me débarrasser de mes angoisses. Et si elle le racontait autour d'elle ? Et si on me jetais en prison ? Je secouais la tête.
Je devais fuir. Immédiatement.
Je me levais brusquement. Si je lui avait fait peur, je ne m'en rendit pas compte. Le mépris s'emmpara de moi. Elle savait si mal masquer sa peur ! Pitoyable.

Je profitais de la pagaille pour prendre les airs. La dragonne qui venait de plaquer Perce-Neige au sol était de mon clan, et, en plus, je la connaissais. Il s'agissait de Jouvence, la commandante de l'escouade chargée de surveiller notre baie. Elle avait dû croire que j'étais attaquée. Je caressais un instant du bout des griffes l'idée de la laisser s'occuper d'elle, mais je me résignais. Ce serait faire preuve d'une lâcheté que je ne pouvait me permettre. Je descendis donc avec un soupir et écartait nonchalamment la commandante de Perce-Neige.
- Tout va bien, Commandante, elle... Ne nous veut pas de mal.

''Elle est nulle, elle ne se défend même pas.''
Je la relevais sans ménagement. Je grognais. Elle m'agaçait, mais je ne le montrais pas et me tournais vers Jouvence :
- Ne vous inquiétez pas, même si elle le voulait, elle ne serait une menace pour personne.
J'espérais que ma raillerie acérée la ferait bouger, voire partir, avec de la chance, chose dont je manquais cruellement en ce moment.

Perce-Neige

- Vous êtes tous.. Comme ça ici ?..

Je frissonnai pour m'écarter prudemment des deux dragonnes. J'observais le visage de la commandante, qui elle aussi avait des écailles très.. Étranges.

- Je voulais juste.. Explorer l'endroit....

Jouvence

- Explorer les lieux, hein ? Les royaumes ne sont pas des endroits qu'on peut visiter comme bon nous semble ! Tu me suis, je vais te recaler moi.

Elle grogna, sortit ses griffes et prit son air menaçant.

Je profitais de l'agressivité ambiante pour reculer et me fondre dans les feuillages. Je me retournais et m'éloignais en courant, espérant ne pas m'être faite remarquer. Arrivée à la cascade, je m'y arrêtait un instant pour m'y abreuver, puis m'envolais, partant vers je ne sais quelle destination plus accueillante.

Jouvence
La commandante des ailes de Mer grogna lorsque Cordélina partie.
"Reviens là, j'ai besoin toi petite !" Ronchonna-t-elle intérieurement. Elle hésita en regardant de ses yeux menaçant la dragonette.
"Un chef ne doit pas hésiter."

- Suis moi ! Grommela-t-elle, avant d'attraper violemment une des ailes de l'aile de Glace.

Elle s'avança dans les broussaille, jusqu'à déboucher plus près des chutes d'eaux. Là était entrain de se désaltérer l'aile de Mer agressée. Mais avant d'avoir pu dire quoi que ce soit, cette dernière s'envola. Jouvence jeta un regard noir à la dragonne glacée.

Perce-Neige

Je me sentais tirer dans les feuilles, elles étaient humides et fouettaient mon visage, plus particulièrement ma plaie ouverte, comme si elles se vengeaient de ma présence ici. Lorsqu'enfin j'aperçue Cordélina, du moins ce qui y ressemblait.
Elle s'envola brusquement. Sans hésiter, je fis quelques furtifs mouvements pour me défaire de l'emprise étrangère. En quelques battements d'ailes, je rejoignis Cordélina -malgré moi- qui semblait plus "chaleureuse" que la commandante. Je n'étais guère rapide, mais les Ailes de Mer non plus.

- Tu crois qu'elle va.. va me poursuivre ?.. Demandais-je avec une lueur d'espoir, à bout de souffle.

Je fouettais l'air de ma queue. Ce qu'elle pouvait être agaçante ! Sans répondre, je fit volte-face, fuyant cette petite dragonnette collante, froussarde et débile. Je l'avais attaquée, alors pourquoi me suivait-elle ?
Je me posais sur l'île d'à côté, espérant lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de ne pas m'approcher.

Jouvence

"Quelle piètre commandante je suis !"
Agacée, Jouvence s'envola à tire-d'aile pour poursuivre la dragonette.
"Elle profite d'un moment où l'attention est ailleurs pour s'enfuir !" Pensa-t-elle, ce qui renforça son agacement de plus bel.
"Je la remmènerai, et l'étriperai de mes griffes s'il le faut !" Mais à cette pensée, elle secoua la tête. Elle ne pouvait tuer n'importe qui quand elle le souhaitais. Elle devait faire preuve de plus de diplomatie.
Jouvence rattrapai peu à peu la dragonette de glace, mais pas assez pour la faire basculer.

Perce-Neige

Je m’essoufflai en essayant de fuir l'aile de mer à mes trousses. Mais Cordélina se pausa sur une île sans que je ne puisse rien dire. Le vent qui fouettait mon visage semblait se rallier à la cause des feuillages, et bientôt les nuages brouillaient ma vue. Paniquée, je piqua droit vers les terres. Bientôt se discernait quelques taches vertes, mais surtout un bleu éblouissant à perte de vue. Maladroitement, je heurta quelque chose. Une tache.. Rosée. Non, c'était quelqu'un. C'était la commandante qui m'avait rattrapée. On chutait à vu d'oeil, et le sol se rapprochait rapidement. Trop rapidement.

Quand je vis les deux dragonnes s'emmêler puis piquer dans la mer, mon sang ne fit qu'un tour. Je prit mon envol puis planais en rasant les vagues. J'amortit de mon corps leur chute, assez pour qu'elles ne soient pas blessées, et pour être assomée en même temps. Je sombrait.
Je sentais à peine l'eau glisser sur mes écailles ou pénétrer dans mes branchies. Je flottaison dans une sorte d'épais coton qui atténuait la douleur de ma patte, sûrement cassée après que j'ai essayé d'empêcher leur chute.

Jouvence

Alors que la chute était imminente, la dragonne avait l'impression de flotter avec légèreté. Mais pas question de se laisser déconcentrer... Elle tenait sa proie fermement entre ses serres et ne la lâcherait pas. Cependant, elle remarqua des petits bout gris, qui se discernait nettement autour de la Dragonette. Elle écarta cette dernière d'un puissant coup de queue, en vaillant à ne pas la perdre, -de toute manière, comment une aile de Glace se débrouillerai dans l'eau ?- et entrevis l'aile de Mer qu'elle avait "aidée." Elle lâcha alors malgré tout sa cible.

Perce-Neige

Un cauchemar ? Une torture ? Une seconde fois je sombrais dans les infinies des profondeurs, au même endroit que la veille. Cette sensation allait me hanter toute ma vie ? C'est mon sort de finir épuisée à force de me battre contre les eaux ?
La dragonne grise -qui avait changé radicalement- était en dessous de moi, avant que je ne puisse me dégagée, mon adversaire me poussa avant de se pencher sur l'autre dragonne. Nous étions tout de même loin de la surface, mais je devais essayer de sortir d'ici au plus vite. Même si j'abandonnais ces dragonnes. Elles m'ont toutes deux attaquées, et les ailes de Mer respiraient sous l'eau.
"Je n'ai pas à me sentir coupable. Je peux pas les aider."
Mais, peut importe la puissance, la rage, la détermination que j'y mettais, j'avais l'impression de rester sur place. Et peut être même de m'enfoncer, tout ça en m'épuisant. Je puisais dans ma faible réserve d'air pour réfléchir un instant.
"J'ai avancée !"
A bout de force, mais bien décidée de me sortir de là, je continuais de nager.

Sonnée, je sombrait. Puis, une silhouette blanche vint faire contraste avec la lumière bleutée de la surface. Perce-Neige ! Dans un sursaut d'énergie, et malgré la douleur de ma patte, je remontais vers elle et lui donnait un coup d'épaule pour la faire remonter à la surface, la tête bien hors de l'eau. Puis je me laissais tomber, épuisée. La douleur et la fatigue m'assaillaient et m'empêchaient de réfléchir. Je me contentais de flotter entre deux eaux, hagarde.

Perce-Neige

Je ne devais abandonner. Ma détermination devait gagner face au désespoir. Alors que mes efforts étaient vain, je me sentis soudain propulser vers le haut. Une ombre apparaissait au contre-jour, c'était un dragon qui me remontait à la surface. Il n'y avait aucun doute sur lequel, c'était l'aile de Mer redoutable qui me haussais vers l'extérieur.
En un rien de temps, je pus reprendre ma respiration. De grande bouchée d'air, pour me calmer et reprendre mon souffle. Au même moment, une seconde tête émergeait à la surface. Mais ce n'était pas le museau rose et fière de l'imposante dragonne de Mer, mais la petite tête grise de ma... Sauveuse et Agresseur.
"Quelle situation compliquée..."
Sans réfléchir de plus, je tirais malgré moi la petite dragonne vers la plage. Elle avait encore une partie de son corp dans l'eau, mais mes muscles fébriles avaient du mal à déplacer un dragon, ne serait-ce qu'un dragonnet.
Je me penchais faire sa tête, lui demandant anxieusement:
- Tout.. Va bien ?...

Je me sentis emportée, puis traîner sur une plage, au Vi du sable fin qui me griffais les écailles. Je continuais à dériver, me laissant petit à petit sombrer dans l'infini vide qui se présentait à moi.
Je me posais soudain la question, au milieu du coton et du brouillard qui entouraient mon esprit :
''Pourquoi... Pourquoi l'ai-je sauvée...?''
La réponse s'imposa à moi tout naturellement : parce que je voulais être meilleure. Je voulais vraiment être une bonne personne, gentille et serviable.
Ouais.
Et il négeait en enfer.
J'émergeais avec cette idée nouvelle en tête, prenant dans un hoquet une inspiration tremblante. L'air empli mes poumons avec la force d'une tempête, et je dût me faire violence pour ne pas m'étouffer.